"Une page vide vous regarde : écrivez ce qu'elle pense, ressent, espère !!!"
*****
Rien, elle n'a toujours rien écrit, ou si peu, si peu elle-même, si peu d'elle-même.
Allez, prends ce crayon, cette plume, écris n'importe quoi, mais vas-y !
J'aimais le feutre qui glissait rapidement sur moi, coulant comme un torrent rapide, chevauchant les petits rochers, petits écueils, mais les passait quand même.
Feutre bleu ou noir, qu'importe, écris ! j'attends ta plume, j'attends tes mots, j'attends tes émotions que tu gardes et que tu ne peux partager.
Qu'attends tu ? le talent ? que tu n'as pas ? et qu'importe le talent, écris ! libérez votre écriture, libérez vous ! comme un slogan, comme une méthode ; laisses la méthode si elle ne te convient pas, affrontes moi, écris ! des mois que j'attends que tu reviennes, que tu me reviennes, que tu remplisses mon espace car il est pour toi. Choisis le cet espace, choisis le maintenant.
Qu'attends tu de moi ? quelle autre révélation puis-je te donner que celles que je t'ai livré déjà. Tu me laisses seule, sans mots, à garder les tiens dans ta tête et dans ton coeur. Poses les sur moi, sans hésitation. Plaques les, forges les, fixes les.
Que suis je pour toi ? Ton reflet ? Tu te connais si bien, comme je te connais si bien. Tu ne peux plus avoir peur de toi. Nous nous connaissons toutes deux, l'une attend l'autre, l'une espère trop, l'autre donne trop peut être. Peur de quoi ? Tu n'as pas de talent ? Et alors, quelle importance. Alors viens, écris bon sang, écris ! arrêtes d'attendre. Trop d'années à attendre.
Ecris. T'as mal au crâne. Tant pis. C'est le prix. Laisses tomber le style, tout ce que tu lis n'est pas ce que tu écris. Ne cherches pas à ressembler, n'ais pas peur d'être sans talent. Tu n'es pas Flaubert, tu n'es pas Hugo, tu n'es pas Sand. Ecris avec toi même. J'espère tes mots, les tiens, tes peurs, les tiennes, tes larmes, tes espoirs.
J'espère la douceur de ta plume, la colère de tes doigts sur le clavier. Je te regarde : tu fronces les sourcils, à peine, comme toujours. Tu fumes. Tu rentres à l'intérieur pour venir me rejoindre.
Je suis ce qui te renvoit à ta solitude ? Et quand bien même ! Tu es seule comme je suis seule quand tu n'écris pas. Je suis ta compagne de solitude. Ne suis-je que cela ? Le crois tu vraiment ? Ne suis je pas aussi ton plaisir de laisser ces phrases se former, ne suis je pas la matière qui t’exprime, et pour cela si pénible souvent, si difficile.
D'autres n'ont pas cette chance ou cet espoir. Profites en, écris ! écris moi ! envois moi de tes nouvelles. Bonnes ou mauvaises, tristes ou joyeuses, mélancoliques ou si vivantes. Tu es tout cela. Tu es tout cela. Si tu attends trop, je resterai vide, sans tes mots, et tu resteras, vidée de tous tes espoirs.
Affrontes toi. Affrontes moi. Ecris ! Tu n'es pas inspirée ? Alors cherches ce qui t'inspires ? L'amour ? Oui, je sais, l'amour t'inspirait. Qui d'autre que moi, feuille verte ou blanche, qui d'autre peut le savoir autant que moi que ton écriture est relationnelle. Mais qu'est ce d'autre que d'écrire. Avec toi même, avec les autres. Pour toi, pour les autres. Réfléchis sur moi. Je suis quoi pour toi ?
Tes mots, ce que tu oses dire maintenant, mais si peu. Tu as besoin de moi comme j'ai besoin de toi. Mais moi, petite feuille vide, je n'ai que toi. Toi, tu as le monde, les personnes autour de toi, les couleurs les odeurs. Sans tes mots, moi page vide, je ne les connaîtrai jamais.
Ne cherches pas à t'écrire à toi-même. Tu l’as fait, déjà, beaucoup. J’ai quelques années de toi en réserve. Mais je serai toujours la page vide, la page que tu veux griffonner. Je ne serai jamais celle que tu auras remplie, je serai toujours la prochaine. Ne m’oublies pas, ne t’oublies pas.
Ecrire, voilà tout. Ne fuis pas les mots, quels qu'ils soient. Ne fuis pas ton propre jugement sur tes lignes.
J'attends tous les soirs que tu me reviennes. Et tous les soirs je repars sans toi. Je reste vide. Tes mots ne sont pas des vers ? Et alors. Ils sont tes vers, ils sont ta poésie. Qu'importe qu'elle soit naive, dure parfois.
Que croyais tu ? qu'il suffisait de me prendre pour me noircir ? Tu le savais que tu ne pourrais le faire aisément. C’est toi que tu noircis sans cesse.
Tu veux trop en faire, trop écrire. D’ailleurs tu me saoules souvent, et sans grand intérêt. Parce que tu ne sais toujours pas quoi écrire. Toujours pas. Tu cherches encore, sur moi parfois, et de t’observer ainsi me fait plaisir, mais aussi de t’y voir souffrir de ne savoir qu’écrire par peur d’écrire ce que tu juges aussitôt.
Si tu me laisses seule et vide, c’est ce qui t’attend.
Vis, et racontes moi tout cela. Un jour, tu sauras ce que tu veux écrire. Continues à me visiter.