Les Textes

Enfants du siècle

Etre aimé

Avarice

Femme savante

Petite fille

Dialogue

Amante

Borborygme












































 

Enfants du siècle

De l'amour qui meurt faute de soins
Tel un canari ou un rat crèvent dans leurs cages
Dorées
Supposées

L'amour devrait être libre non ?
N'avoir pas les ailes ainsi rognées
De sexe inassouvi
De nuits insomniaques

A moins que non
Il n'ait la queue bouffée
D'ennui bouffi
Comme l'amour est patraque

C'est connu l'amour est pédé
Tout juste bon à colorier
A réécrire à corriger
A désincarner

Et plutôt qu'amantes il faudrait se faire boucher
A tant aimer la viande
A tant la consommer
A traire ce que l'amour demande

 









 

Etre aimé

Quel dommage que je ne puisse t'enculer
Pied à pied, autrement que par le verbe
Il est devenu pauvre lui aussi moins acerbe
Misérable précaire, il me donne la gerbe

Quel dommage en vérité
Car souvent j'ai songé
A te sodomiser
Non, non ce n'est pas une idée fixe

Un fantasme ou une hypocrisie
C'est le dépit de ne pouvoir rendre à ta chair
Ce que tu infliges à mon âme et con
Bah ils existent oui

Souvent j'ai songé
A une lobotomie
Est-ce que cela castre aussi ?
Bah cela ne marchera pas sur moi

S'il se trouve..
Des êtres asexués
Des espèces hermaphrodites
N'importe quels asthéniques

Qu'ils aillent au musée
Au dictionnaire
A je ne sais quelle antre
Ni mes seins ni mon ventre

Ni dedans ni en dehors
De tout mon être
Même obsessionnel
De sexe veux et veux encor

 









 

Avarice

Mais non on n'aime pas juste une fois
Et surtout pas les morts, surtout
Pas ceux là même
Qui nous ont abandonné

Pourquoi prêter à des germes de sentiments
Des miettes de pitié
Des accidents impudiques
Le sens du verbe aimer

Rendons à la vie la Mère
Rendons à la terre entière
Foutons aux ornières
Réfugions même amères

Nos illusions poussives télévisées
Nos ânonades de vers ratés !
Puisque parfaits puisque divisés
Les chantres du papier glacé

Gardons à nous-mêmes ces ambitions frustrées
Economisons la moindre contrariété
Et puisqu'il faut sourire que cela soit payant
Ou que d'autres encore nous prêtent

Une aussi folle piété..

 









 

Femme savante

De vos beaux yeux amènes Madame
Noirs d'ébène de toute leur trame
Acides sur ce monde ils se promènent
Méprisants et beaux comme un anathème

De vos beaux yeux froids de Bretagne
L'eau glacée me gagne et je devine
L'entre jambe, ses sucs diaphanes
Ceux d'une terre laquelle m'est promise

Par la violence fourbe que m'inspire
Ce regard tendrement noir et inintelligible
Quand là où se contractent vos pupilles
Je crève tels deux petits goujons frétillent

Et lors qu'épuisés de ce que je vous ferai
Vos noirs yeux se fermeront d'un trait
Je replongerai avidement à vos envers marines près
De ne m'arrêter de les contraindre combien jamais

Je suis l'orage dément de vos terres
Vos yeux sont mon phare clandestin
Même révoltés aussi brûlants qu'amers
Eux qui n'y comprennent encore rien..

 









 

Petite fille

Petit être tout frais
Petit oiseau du mois de mai
Petit canari aux pattes gaies
Et aux tites couettes multicolores

Et sous ta peau dans ton petit corps
Bat un autre oiseau encore
Amoureux de vie et de soleils
Amoureux même de mes cheveux vermeils

Mon petit fragile à moi
Je te contemple tu ne le sais pas
Tu es ma promesse de vie tant de fois
Parfois aussi

Mon plus grand désarroi
Tu es ce je ne sais quoi
Ce saugrenu étranger à ma vie
Qui la rend belle, qui la rend belle

Presque aussi belle que toi
Tu es tu ne fais que cela
Tu cours tu grimpe je ne te suis pas
Tu grandis et moi non

Je devrais m'inquiéter peut être ?
Mais au contraire c'est toi que je rassure
Comme à la vie qui susurre
Sous tes paupières à peine closes

Mille rêves de lumière
Mille et mille autres choses..

 









 

Dialogue

On se fait du mal non ?
Moi à ne pas savoir t'aimer
Toi à ne pas vouloir me faire croire
Si encore tu me peux désirer
Si..

Il est un peu tard non ?
Pour aller de l'avant
Repartir en arrière
Pour bouger seulement
Si..

Est-ce que tu m'entends ?
Serait-ce que je te parle
Dans la galerie des glaces
Du grand Versailles
La vie c'est un peu dégueulasse
Non ?

C'est peut être pour cela
Qu'on la simplifie
La lyophilise
C'est un peu pour cela
Qu'on écrit la vie
Qu'on en fait des films
Qu'on la peint aussi parfois..

Elle ressemble tant
A un carré bleu
Dans lequel tourner en ronds
Concentriques

La vie est un peu con, non ?
Si..

 









 

Amante

Mais ce que tu es belle
Depuis que tu as soixante ans
Ce que je puis être contente
De ne t'avoir pas connue avant

Ni à la crèche, ni au lycée
Ni au travail, ni chez le psy
Dans la salle d'attente
Ou à la morgue

Je drague les caissières dans les supermarchés
Tu sais ?
Et autres papilionidés
Femmes éphémères..

Mais peut être es tu celle
Dont je ne serai pas l'amante
Ni en rêve ni autrement
Quelles grandes vacances !

Je suis sans âge et sans idée
Ni fourbue ni courbée
Et à tout prendre
Je préfère ton silence

Ton combat de vie rappelle au mien
Quelques mots quelques vanités
Serai-je moi aussi
Serai-je un jour
Apaisée

 









 

Borborygme

La souffrance dans mon âme a comme vieilli
Pris son parti
Attendu d'être plus forte aussi
L'ingrate a fait sa vie

Partageait-elle mon lit
Est-elle mon labyrinthe
Je vais les rues sans villes
De mille mondes obscènes

La souffrance et ses analgésiques
Nos mensonges nos logiques
Nos différences nos identiques
Nos répétitions et nos tiques

Se taillent-ils nos vies
Autant, autant de parasites
Qui croit connaître des îles
Auxquelles réfugier nos peines

Et qui peut prétendre aussi
Avoir un jour sursit
Dépassé, survécu, entrepris
Nos tributs même escomptés, même engloutis

 

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