Le Bonhomme qui marche




Je vous avoues qu’après relecture,

c’est un recueil que moi-même je trouve un peu « space »,

mais j’ai eu envie de le mettre.. Bonne lecture !


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tite illustration lol, un jour..




Titres :

Parjure L'Ange de Vie L'îlot de Malséance A pour un été (1)
A pour un été (2) A pour un été (3) Les anneaux de Saturne Trahison !
Incohérences.. Perfection For tea two Le choc des cultures
Le Bonhomme qui marche Le glas pour personne House of Icarus Croque-Mort
Le brimbalement Alexandrie encore une fois Page un La Mante
H2OH L'ouvrage des ans L'Automne Novembre
Grabataire Apocalypse Andro Narratrice
 

Parjure

J'ai réécris ton nom de mon sang,
Effacé à l'encre au même instant
Noire de Chine, bleue noire firmament
Au sombre parfum d'enterrement.

J'ai extirpé de mes entrailles l'infection
Arraché à la dague ce simple poison
Cette mélodie d'ivoire sans raison
Toute image de toi, comme d'une floraison

Car pour remède ici j'ai la science
Pour ignorer le mal, ma souffrance
Le mot d'oubli ternirait l'absence
Et ces yeux de jais la quintessence

Le jour s'est levé, très lentement
Est mort assassiné, rougeoyant
Sur une mer indigne, transcendant
Boréal, rond, blanc, comme ton flanc

Le jour qui meurt est un reflet de passion
D'émotions envolées, du don de pardon
C'est un éphémère mirage, un abandon
Tout comme lorsque je te regarde, une illusion

Car pour prix de ces vérités dès l'enfance
Il y a une logique en recrudescence

Car pour prix de la musique au vol gracieux
De l'enfer, du feu de la Terre dispendieux ...

Car pour digne prix de l'éveil de nos sens
Pour prix de la surprise, de l'indifférence
Au-delà de l'hiver, de la transhumance
Quand l'ivresse renaît, il y a l'insouciance.

 

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L'Ange de Vie

Je t'ai vu marcher sur l'arc en ciel
Léger comme un velours molletonné vermeil
Incolore mais à l'éclat de feu sans pareil
Prince dédaigneux en son palais de fiel

Aux sept couleurs qui se répondent comme les sens
Répondait l'étrange innocence
Du simple d'esprit, de l'insouciance
Tandis que résonnait l'absence

Je t'ai vu gravir une à une, serein
Les marches d'aurore du palais Olympien
Digne dans ton apparat, digne comédien
Pas à pas et radieux sur l'avenir enfin

Etait-ce une couronne de fleurs, les lauriers mythologiques ?
A ton front, n'était-ce pas l'opprobre tout comme un chant mystique
Dansant et se fondant en toi, tyrannique
Pour te mieux soustraire l'angélique !

Le charme de cette vision à tes pas attaché
Tout comme l'esclave fourbu à une inquiète destinée
N'était-ce pas le manteau noir et sans pendants de vérité
A ta peau, harcelant le jour qui te fit naître éternité !

 

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L'îlot de Malséance

En ce lieu perdu
Quant au temps, il n'est plus
Renaît le charme sous-entendu
De ce qu'est l'essence à corps perdu

Tout comme si dès que renaît le jour
La nuit quitte l'espace d'un jour
Le ciel, les voiles se déchirent, les atours
L'oeil et la main tour à tour

S'ouvrent.

En ce lieu retrouvé
Quant aux chemins disparaissez !
Coule le fleuve Eternité
Nul ne songe à le traverser

Tout comme si je voyais enfin
Dans tes yeux et toi dans les miens
Si j'apprenais à distinguer du rien
Pour te l'offrir, le bien son souverain,

Et anathème.

En ce lieu vécu
Quant aux problèmes tout vus
Tout faits, que d'illusions sans l'us
Ils sont mon seul point de vue

Le tien aussi
Alors nous nous perdons pour un souci
Antinome où tout finit
Car il est fou celui qui le saisit,

Le bonheur.

En ce lieu imaginé
Du rêve d'une nuit ou d'un été
J'aurais pu être enfin, avoir été
T'apercevoir et te soulager

Mais comment aurais-je pu saisir l'opportun
Moment d'ouvrir des yeux humains
Sans que toi-même n’ouvres la main
Car il est terrible à faire ce pas en arrière assassin,

Qui nous rappelle.

 

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A pour un été (1)

Comme un aveugle sur le chemin de la connaissance
Pour expliquer ce mal, l'ultime essence
Je songeai au nom des Thèbes
Et les fuyait en te brisant
Comme une plainte, un long déchirement
Elle était fourbe la prêtresse tribade
Qui un instant m'avait laissée accroire
Qu'il était, cet amour illusoire !

Le sentiment était nouveau
Je le cueillis comme le jour
Il devint tout, mon air, mon eau
Ma seule raison d'être, mon toujours
Il était porteur
Il était bâtisseur
Sans aucune indulgence
Sans aucune déférence

Et si je l'ai renié c'est que je ne le comprenais pas
Que je voulus savoir et ne sais toujours pas
Il est loin ce temps où, tu vois
Je rêvais à la mer du bout des doigts
Au soleil de son regard, à la fièvre enchanteresse
Qui me fit oublier mille lacunes de tendresse

Sans jamais n'éveiller en moi
Que cet amour fraternel sans foi
Sans loi que n'annonce aucun lien de sang
Face auquel j'ai ployé cependant

Je voudrais me ranger à ces liens immatériels
Tel un âne dans les fers
Ce tout et rien, je le veux éternel
Ailleurs je trouverai la manière
Là je me délecterai du rêve
D'un possible vénérable, d'une douce trêve.

 

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A pour un été (2)

Telle une jonque sur la mer de Chine
Le sentiment se donnait à l'abîme
Pour la mieux posséder, en un va et viens
Roule, roulis de ces flots incertains

Là où elle avait sombré
Quelques colis s'entrechoquaient
Tristes rêves d'une suave destinée
Un beau matin hâlé

Les flots emportaient côte à côte
La caisse vide, la caisse pleine
Conscientes d'une commune faute
Inaltérables et sans enseigne

L'une rappelait à l'autre
La futilité d'un voyage autre part
Seules tantôt, toutes les autres
Avaient sombré de part en hasard

Le tangage éprouvait le lien
La corde de cette singulière union
Entre l'illusoire et le bien
Le rêve et l'unisson

Il est des espaces lointaines
Comme des mers incertaines
Elles sont la part du rêve
Et à l'offense ce qu'est la guerre à la trêve

Si j'étais sûre que le hasard ne sert que le bonheur
J'aurais tranché le filin
Tout comme de l'abcès la torpeur
Il m'aurait altéré le venin !

Or, si je ne sais pas
A cet instant, renaissance de l'hiver
Je ne veux surtout pas
Ni savoir ni dire éphémère
Ce filet de lin
Cette poignée de mains.

 

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A pour un été (3)

Je pars,
Du haut des éthers de l’oubli
Je pourrai être et n’être plus
A l’infini ;
Car je suis ce sentiment incertain.

Imatière et sans hasard
Je serai à toi sans que tu ne le saches
Je suivrai tes pas, pas à pas
Sans jamais plus, lâche
Te demander quelque retour
Sans jamais plus
Que tu n’entendes ce mot de toujours
Sans que tu ne le devines plus.

Je ne serai nulle part,
Dans la lumière de ton regard anéanti
J’aurai droit de t’aimer et de ne le dire plus
Sans souci,
Ephémère et éternel comme le soir
Attachée à tes pas comme le destin
Protecteur qui ne s’ignore pas
Irréprochable enfin et pour toujours
Seule maître de briser les vautours…

Aux prémisses de l’Aurore
Je te verrai, éveillée au jour nouveau
Illustre témoin du temps, il sied encore
Lorsque chaque soir je t’apporterai
L’hommage de tes morts.

Je vibrerai et verrai à ton front
La force en aval, la tendresse en amont
Discrète, je recueillerai chacune de tes larmes…
Elles me font renaître sans alarme,
Je te respirerai.

Il ne sera soir ou matin
Enchanteur, que tu n’oublies ce visage de torpeur
Qui te faisait rompre le lien
Né en cours de nuit au prix d’un atroce labeur
De craintes et de courroux
D’illusions, de matière, de rien et de tous,
Sans un mot.

Là-haut dans les éthers
Je partagerai le rêve éternel et stable
De te rejoindre et être de ta chair,
Ton souci sans être détestable
Le vent sur ton passage caressera ma peau
Au terme de cette sensation amère
D’une criminelle impuissance
Je serai de ce printemps léger et chaud
Qui en toi fera renaître l’insouciance.

 

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Les anneaux de Saturne

Comme ils ont fui tous les moments heureux !
Ces moments de rien, ces moments de joie
Ces moments de calme, ces moments de jeu
Ces moments de vie, ces moments de feu
Ces moments de lin, ces moments de soie
Ces moments de chanvre, ces moments de foi.

Comme ils tremblaient tous les moments de bleu !
Ces moments sans fin, ces moments sans toi
Ces moments d’alarme, ces moments de peu
Ces moments aussi, ces moments à deux
Ces moments enfin, ces moments de droit
Ces moments de chambre, ces moments sans loi.

Je divague dans une symphonie multicolore …
A revivre toujours dans ce tourbillon narquois
A ne plus entendre que l’écho anathème
Empreinte vivante de ces moments extrêmes ;
Mains jointes je t’attendrai jusqu’à l’aurore
Figée par la solitude de ces moments précieux
Peut-être jusqu’à la naissance de chrysanthèmes.

 

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Trahison !

Seul ce sarcophage saura me protéger de toi
En un millier de siècles je t’oublierai
Pour renaître à la vie, j’arracherai
Ma liberté à ces chaînes que tu fis pour moi
De ta main habile et fourbe
En un sourire, un regard, une absence

Du fond de la pyramide où je serai reine
Le coup fatal c’est moi qui te le porterai
Je dirai autrefois à ce regard de jais
Au seuil de ma mémoire encore tienne
De moments illusoires et incertains
Pour un démon, un mortel, une transe

Prisonnière enfin de ma douloureuse béatitude
Afin que tu ne m’entendes pas gémir je hurlerai
Quand mon âme aura fui cette prison de fait.
A l’apanage de ma raison la question pourquoi
De tes ongles tu m’auras arrachée à la tourbe
Au bord de mes larmes cette réponse, pour toi

Tu ne comprendras pas la singulière attitude
Née de ma souffrance si imparfaite
Car j’attends ton départ, indiscrète
L’aveu de ton indifférence à mon cri d’éternité
Pour le sacrer des noms divins
Même pour un mort, c’est une sinistre royauté !

 

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Incohérences..

Et à mon retour
Ce lieu banal et indistinct
Exhalait ton parfum
De ta présence tu as empli mon univers ;

Je respirai quelques instants encore
A pleins poumons, à cœur ouvert
Je le bus jusqu’au dernier soupçon
Avant qu’il ne s’évapore

Et comme il était en moi
Je te touchais du bout des doigts
Harassée, abattue, affalée
Plus morte que vive qui étais-je ?

Qui suis-je pour ne plus vivre
Que de cette essence
Qui suis-je pour n’être qu’en ta présence
Pour renaître au son de ta voix
Pour mourir de ton silence cent fois !

Je suis ta chose sans jamais n’être à toi
Tu es ma raison d’être tout en étant sa cause
L’humble et divine condition
Mon oxygène, ma perdition

Et je me perds à l’ombre du souvenir
Lorsque tu étrangles de tes deux mains
Mes illusions, foule aux pieds mes secrets
Tandis qu’au dernier soupir
Il s’échappe encore, mon désir..

 

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Perfection

Au frais des vergers satiriques
Main dans la main par les sentiers mythologiques
Sous les orangers en fleurs, ils te couronnent
La vie comme une musique, je m’abandonne

Un million d’années et d’autres certainement
Auront filé tandis que nous marcherons
D’un pas régulier tout comme auparavant
Ta paume dans la mienne et les vastes sillons

Elle sera douce voire enchantée
La fabuleuse union à fleur de peau
Au sein de la nature-mère ravivée
Lente et chevaleresque au chant des oiseaux

S’il n’existe pas d’espace pour être nous
Toujours, je sillonnerai le tien
Je marcherai dans tes pas
M’effacerai pour n’être rien

Je vivrai de tes exhalaisons
De ta patience, de ton indifférence
Je vivrai pour une partie de toi, pour ta raison
Ensembles et sur l’îlot de Malséance

Lorsque le sable empreint de tes pas
La mer échevelée
Le soleil qui n’ose pas
Par ta prestance seront fanés

Lorsque ce qui est beau ne sera plus
Il n’y aura plus que toi comme jamais
Plus d’illusions, l’empreint ne sera plus
Tu seras, et le monde sera vrai.

 

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For tea two..

Je sens tout comme un naufrage doré
Venir à moi la triste nécessité
De me repaître encore de ton image
Qui seule t’offre à moi sans partage

Comme un vaste reflux de mer
Me nommant impuissante mercenaire
De tes complaintes illuminées
Et je vis assassinée.

J’ai l’idée de me battre enfin
Lorsque la douceur de tes mains
Me ramène à moi-même
Pour vivre cet anathème

Je pourrais ne vivre que de ton regard
Mourir aussi, par hasard
Portée comme par une mélodie marine
A n’être plus que tienne,

Tout comme le vent est à la mer
Tout comme le sucre est à l’amer.
Je pourrais ne vivre que d’un instant de bonheur
Et m’oublier à cette étrange torpeur

Il est des illusions
Meilleures que l’oubli sans nom
Qui portent
Confortent

Il est des rêves d’impossible
Plus opportuns que le sensible
Ils supportent opprobre et disgrâce
Tandis que nés de la grâce

Miséricorde pour ces rêves assassinés !
Coupables de ne s’être pas réalisés
Grâce du temps comme d’une vanité,
Il est du rêve comme d’une éternité..

 

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Le choc des cultures

Elle est étrange la sollicitude du père,
Qui de son fils a fait un citoyen du monde,
Avant que de ne lui avoir tout donné de sa propre histoire.

Face à cet Européen aux mille visages, que fera l’adolescent
De son éducation formelle, de la civilisation mythique,
Qui dénoncent ma force, soulignent sa faiblesse ?

Car s’il n’est de ma chair, s’il n’est de mon sang, il est de ma culture !

Derrière sa dite insouciance, je le sens solitaire,
Incompris, je le vois qui se cherche, vagabonde,
Qui demain pour une autre, perdrait notre mémoire,

Se laisserait emporter par les échos troublants..
De ces histoires de rues, ces mondes dramatiques,
Réels ! ou d’autres illusoires, la mort et l’alégresse.

 

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Le Bonhomme qui marche

Tout comme surgie d'un rêve
En une nuit répété
Qui porte le glaive,
Tout comme le souffle d'un été,
Insaisissable !

Tout comme le vent
Dans la crinière dorée des arbres
Embrasée du levant
Je t'aperçois fidèle statue de marbre
Impérissable.

Tu es le fantôme accablant
Des quelques minutes qu'offre le jour
A ce don misérable et éprouvant
Ces quelques minutes, toujours,
Ce sinistre songe.

Je te dessine du bout des doigts
Le souffle coupé
Je te rejette encore une fois
Pour te mieux retrouver

Tu es le mot des maux inhumains
Terrible méprise, affinité
Tu es le mal d'un jour sans lendemain
D'un soir et de l'éternité

Je te saisis et te détruis
Pour que tu renaisses en moi
De ma chair, de mon âme, indécise
J'ajouterai un dernier mensonge :
Afin que tu ne me quittes pas.

 

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Le glas pour personne

C'était une petite flamme
Dans tes yeux de mystère.. Alarme !!
C'était un tout petit bout d'idée
Synonyme d'une douce perversité ;-)

J'observais tout cela de très loin
Indigne espionne d'un suprême bien
Vers de terre amoureuse d'une étoile
Vernie celle qui craint la cabale

Les mains dans le dos retenues
C'est toute mon âme mise à nu
Et mon corps pour te rejoindre
Qui se tue à ne jamais t'atteindre

C'était un petit sourire moqueur
Séduisant comme un arrache-cœur
Méprisant cette faiblesse qui me définit
Exacerbe en moi la rage, celle qui construit

Et je devrais me laisser aller à être ?
Quand tu es seule à me repaître
J'aspire à te faire ce bien
Qui ne connaît pas de lois, puisqu'humain

C'était un petit air de ne pas y toucher
Une suave mélodie que j'ai laissé filer
Avec les années
A trop hésiter

A trop hésiter
Je n'ai plus rien construit jamais
Sans m'essayer à ton regard parfait
Je ne saurai pas si je t'ai aimé..

 

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House of Icarus

I was searching during this blue night
The single thrust of a true light
I was dealing with my sorrow
Keeping your figure in booth above all
In my mind
Like a found

I was walking in these foreign streets
Dealing with my inability to kick
Every thing that matters with you
I was asking for what to do
To none

I was running out of all ways
Proudly ignoring what they say
Just self-inquiring
Because I thought, I was knowing
I had magnificient illusions dominating
And no more links

I’m lost, I’m ruined, I’m undone
And I keep calling from underneath
Dazzled, for a sign or some
I’ll undergo more and more till the end of the earth
I think..

 

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Croque-Mort

Comme s’il ne me restait que cette après-midi, ivre
J’entreprends le moment de vérité
Je me prépare aux aveux, dérisoire condamnée
Et si je pouvais même revivre..

Je teste donc et atteste les infinis !
J’offre à ce monde ce que je n’ai su lui dire
Je t’écris et je ne sais plus écrire
J’en appelle à l’écho du temps jadis

En ce lieu singulier pour d’autres respectable
Cercueil : un coffre dedans un hasard
Le jour où tu décidas de ton départ..
Et la fusion de deux êtres si semblables

Je voudrais dépeindre cet endroit hors temps
Le posséder et te le reprendre
Combien tu me faisais attendre
Combien tu m’oublieras sûrement

Je voudrais emporter aux tréfonds de moi-même
Une musique entendue, un aparté
La moindre trace qui se souvienne : nous avons été
Mon bagage pour les mondes extrêmes..

Je voudrais arracher toutes les raisons
Qui ont brûlé nos propres passions
Imatière et instables
Ce délice regrettable

Emporter avec moi à l’avenir
Tous les mots qui t’ont déplu
Te faire avouer que tu ne sais plus
Vraiment, te faire repentir

Cet amour a su nous construire
Nos mots résonnent en toi
Nos regards, nos échanges, nos ébats
Etre à toi sans plus te maudire

Savoir être même sans toi
Mon tuteur immortel
Ces souvenirs-là
La douceur à la violence mêlées dans la foi

 

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Le brimbalement

Par les rues sombres d'une glaciale nuit emprisonnée
Fantôme immortel aux chaînes d'ivoire sur le pavé
Mains dans les poches, cheveux au vent
Les yeux hagards du condamné, une ignorante

Allait comme le fleuve par les méandres de son passé
Les mêmes de son avenir abject décharnés
L'obscurité enveloppait ce tourbillon de tourments
Ses pas martelaient un rythme d'enterrement

Les volets se fermaient sur des mines sales terrorisées
De lampadaires gris incohérents s'exhalait une clarté
Fugitive : de la civilisation, c'est important !
Egoïsme exacerbé haï des seuls contrevenants

Tous les soirs elle revenait comme appelée
Cet être surgie de nulle part pour épouvanter
Dénoncer vos turpitudes bonnes gens !
Sans rien dire, c'était la vérité, allant

On la saisit un jour à bras le corps pour la jeter
Sans un jugement au cœur du fleuve éternité
Afin que son silence nous soit moins effrayant
Partie comme une étoile au firmament

Lentement assoupie auprès de Morphée
Coupable encore du vice d'avoir été
Elle va encore certains soirs, bras ballants
Ils l'entendent à minuit tout en tremblant

 

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Alexandrie encore une fois

Cela fait très longtemps
Que je n'ai respiré le parfum envoûtant
D'une bibliothèque désaffectée
Trop longtemps que je n'ai rêvé

Caressé le croûte de l'in quarte
Sensuelle comme le corps d'une femme
Humé les pages délavées
Elles sont autant de flammes

Abrutie de douleur
J'ai cessé ma quête inextinguible
De cette âme sœur
Qui n'existe qu'au cœur des livres

Je ne parcourre plus les hauts monts
Les fertiles vallées
On m'a rompu les ailes
Et malgré tout, je te suis fidèle

Je ne te lis plus
Ne te sens plus
Ne te touche plus

Mais tu es en moi
Et tout à coup
Renaît cent fois

Tu es le mot même quand je ne sais plus
Ma torpeur, mon seul tabou

 

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Page un

Je croyais qu'un enfant ne pouvait pas mourir
Je croyais qu'il fallait être vieux pour ça
Je croyais les enfants en deçà
Mais tout peut un jour finir

Départ et avec lui toutes les années
D'une innocence inquiète et délicate
Il est parti en emportant la dîme de ce que j'ai été
Rideau final sur ce sinistre premier acte !

J'ai peur, peur de la mort
Insipide, traître, inefficace
De celle qui frappe à tort
Quand tout reste à vivre, encor

Elle arrache de nous-mêmes
Vivante tueuse..
Pour empreindre le souvenir blême
La mort comme une gueuse !!

S'il fallait mourir je voudrais mourir vivante

 

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La Mante

Je me sens le bulbe escrabouillé
Aucun mot ne renaît
De l’encre sur ces pages éparpillées
Perdue comme un jamais

Ils n’ont ni sens ni couleur
Ces mimétismes de torpeur
Et l’air d’un œil glauque
Et le mérite d’un cloaque !

Mes appels
Mes écrits

Je me sens le bulbe escrabouillé
D’une alcoolique qui soudain renaît
Voyages nocturnes au cœur du néant
Je gémissais tout en riant

Ils n’ont ni forme ni odeur
Ces sentiments expurgés, ce labeur
Irrationnel, immotivé, craintif
Ce cri de l’inutile en abusif

Je voudrais composer
Et te posséder par les mots
Parfois juste pour me venger
De beaucoup de regards de veaux !

Etre maîtresse des éléments
Ecrire la vie éternelle
Etre sans ressentiment
Mais surtout infidèle

 

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H2OH

L’huile et l’eau se mêlaient en un corps à corps stérile
Mues tout comme par un accord de principe
Dérisoires sous une éclipse de lune
La mort d’un soleil sanglant derrière les dunes

Ce que la nature n’a pas uni
Nul n’est en droit de lui prêter vie
Ce qui ne peut engendrer une génération
Est condamnable car sans raison

Sauf si, obéissant au principe de vie millénaire
Bénissant la source générant la matière
Elle suit Aphrodite qu’elle vénère
Pour le sacre du monde comme celui d’un poison
Tous ploient genoux et même Déméther

Il n’est de confusion plus pure et plus fragile
Plus dissemblable à celle de l’Œdipe
Que celle qui n’en est pas une
Dans ses ébats mais qui reste, l’importune

Se consacre et renaît à l’infini
Sous un pendant de vérité ; née de l’esprit
Elle saura vaincre les humiliations
Elle a le doux et platonique visage de la passion

Les moralisateurs seront loin derrière
A la naissance du printemps témoin des excès de sa mère
Symbolique nymphe avec la Terre

Non, je préfère ne pas savoir qui a raison
Je préfère ne pas savoir quoi faire

 

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L'ouvrage des ans

Assis sur les marches sans gloire d’un escalier de pierre
Je contemple la cime des arbres et le ciel par derrière
Je m’oublie à ma béate contemplation en lâche
Et tout à l’heure, je retournerai à ma tâche

J’aime les bleus et blancs qui se mêlent comme la chair
Et se confondent dans un drap de pureté de l’air
Je pense à nous sans que tu ne le saches
Et tout à l’heure, je retournerai à ma tâche

La tête vide sur cet horizon flamboyant de lumière
Goûtant l’instant en un met délicat de saveur éphémère
Sous l’azur, il est petit ce monde, il se cache
Et tout à l’heure, je retournerai à ma tâche

La sollicitude des hommes a tout à coup un étrange goût amer
Je me sens étourdi sous mes yeux, j’ai le monde à l’envers
Seul et sans civilisation je me sens sans attaches
Et tout à l’heure, je retournerai à ma tâche

D’orangés rouges et parmes dans les éthers
J’aimerais faire notre demeure, mon univers
Un royaume immatériel au chevaleresque panache,
Mais tout à l’heure, je retournerai à ma tâche

Non, je ne suis pas romantique, je suis fils de l’aube et j’aime cette terre !
Comme la sève a ses bourgeons, dès qu’ils l’oublient, je sens à moi poindre la colère
Apeuré et meurtri, irascible, il s’est enfui, le bonhomme qui marche
Et tout à l’heure, je retournerai à ma tâche.

 

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L'Automne

L'automne est un feu dormant
Cet orage de feu vivant
Qui prend l'être et le rend à son image
Aux mille tortures l'empannage

Dans sa révolte sournoise
Ce délice d'ardoises
Brillant qui captive fascine
D'aspirations satisfaites qu'il assassine

De la terre a germé cette apparence
D'un calme profond et de silences
Où la nature troublée
De questions éphémères persécutée
Germe pour mourir sans un aparté

Cet automne précède l'hiver
Pour mieux enfouir le solitaire
Quand du printemps renaîtra le tonnerre
Quant au labeur, il retire l'amer

Cet automne est le portrait agonisant
De ce mur branlant
Qui se forge et s'écroule au même moment
Ce mur de cathédrales cependant.

Pour cet automne qui libère
Porte ! L'étrange atmosphère
J'irai et je serai cloporte
Si seulement de la sorte

Il pouvait être une main
Couvant le ciel et les orages
Brûlant ces funestes mirages
Comme de la joie un éthylique venin

Tout comme si des liens de fer invisibles
Assuraient définitivement l'opportunité du sensible
Alors et sans un mot soufflé
Qu'il serait doux et même voilé
Cet automne synonyme d'amitié.

 

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Novembre

S’il n’était qu’un seul matin
Symbole de ce sourire radieux
Pur comme l’éveil à la vie
Ce matin serait tien

S’il n’était qu’un seul soir
Il serait veille comme un encensoir
De ce matin qui rend heureux
De cet angélique dessein

S’il n’était qu’un seul midi enfin
Il serait né de ce matin bleu
Il serait puissant et peut-être illusoire
Mais porterait encore une douce aura d’espoir

Je te le mènerais à deux mains
Les yeux baissés car tout finit
Puis il s’enfuirait comme un signe d’adieux
Laissant mon regard trouble à d’étranges lendemains

 

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Grabataire

Nous avons vécu ; nous sommes élevées et éduquées ensemble
L’une à l’autre lorsque par amour tu me ressemble
En une symbolique de terre et de ciel qui s’assemblent
Par une corruption magique de vie mère d’ensembles

Qui ne tiennent qu’à la singulière illusion
De l’existence d’un ordre naturel à cette perversion
Adorable, cette musique rosée toute de fines sensations
Elle est loin l’idée sanglante d’une infâme condamnation
Or tout n’est plus si dans un incertain va et viens, elle renaît la passion.

Nous nous sommes aimées ; apostrophées et admirées
Au creux des bras de la puissance qui nous unissait
Je me faisais violence pour te mieux trahir, sans regret
Il est loin ce temps, à l’arbre de mes souvenirs, il est classé

De tous les serments fougueux inénarrables
Aux parfums envoûtants de l’ailleurs, impérissables
Il est loin ce courtois hasard, ce jeûne honorable
Car au murmure de ton nom, il n’était pas d’insurmontable

Nous avons cru, su, interrompu toute une vie
Quatre ans de misère pour arriver à ceci
Comme le faucon en cage je prendrai mon envol, enfin
J’ai brisé mes chaînes, craché mon venin

Enfin, tandis que je respire, si j’ouvre les yeux ici
Tu es belle comme celles du temps jadis
Car de ton sang et de ta souffrance de fille
Tu me l’as donné, ce bonheur que je fuis !

Il a le goût de l’habitude en ce moment
Il est amer ou fade, me ronge les sangs
Il n’éveille plus ma curiosité, il est brûlant

Et il n’est plus de temps pour moi, dit le juge, que le présent.

 

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Apocalypse

Tôt, je partirai comme sur un nuage de feu
Comme un homme, rejoindre cette réalité que je fuis
Sans plus d’attaches et m’oubliant à l’horizon, heureux
Je serai maître de ma destinée car je suis !

Le bras de fer, je porterai sans un tremblement
La barrière du courage sur mon front étoilé
Battant chemins, allant, toujours plus avant
A la source première, tout à mon cheval balancé.

Altier, je suis cavalier et cravache en main
Le buste droit, le regard hautain
Je domine et le vent et la plaine
Comme porté par une brise parfaite,
Et je deviens quoi qu’il advienne.

Je m’arrêterai et recommencerai cent fois
Lui et moi ne feront plus qu’un fou acharné
A partir, à délaisser ces funestes abois
Ce qui nous retient, les branches qui nous fouettent
Par les chemins battus, le sinistre chemin de vérité

A l’aurore je poserai pied à terre
Pour m’assoupir mollement contre un arbre
Je parcourrai encore les chemins de terre
Les mondes étiolés, le vent tout de marbre.

 

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Andro

Lorsque cet être singulier s’est arrêté
Face aux monts rougeoyants et pénétrés
De respect et de tolérance, d’humilité
Il s’est assis enfin, comme soulagé

Je suis allé au bout de mon rêve se dit-il
Et je vais attendre qu’ils me rejoignent sur cette île
Sur l’îlot de Malséance, l’île des malhabiles
Il ferma les yeux et su le mot d’inutile

Il était fourbu, exténué
Blessé profondément par tant et tant d’années
Tant et tant d’indulgence n’ayant pas porté
Les fruits d’or, les hespérides à maturité

Mais que faut-il donc faire répéta-t-il
Pour corrompre les maux, est-ce si difficile
De vivre enfin, est-ce si difficile
La liberté tout comme une idylle ?

Il se leva son bâton de pèlerin attaché
Comme une chaîne sur son poing fermé
Il repartit donc au matin sans idée
Sans illusions de réponse pour son cri d’éternité.

 

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Narratrice

J'arrive à mon tour au bout du chemin
Voilé des derniers rayons d'un soleil abandonné
Par son destin, décharné de rêves
Perdus en une seule seconde de trêve.

Tout comme si le sinistre message enfin
De tant de personnages imaginés
Nés par hasard, mus par Orphée
Allait à se perdre, le rideau tombé

Je sens leurs âmes pressées aux bords de l'Achéron
Comme un murmure transcendant prononcer le Nom
Je m'incline à mon tour et le vénère
Impuissante et faible, nantie de chimères

Vénérables.

J'en viens à mon tour à créer de mes mains
Le monde pour lequel nous vivons, emprisonnées
A créer mon destin, à vivre mes rêves
Mus par la force coriace de la sève.

Tout comme s'il se pouvait qu'un matin
Tant et tant de vérités oubliées
Renaissent pour s'envoler
Pour se rejoindre et régner

Qu'ils seraient doux le sacre et l'oraison
De tant de matière à l'unisson
Nous irions toujours plus loin en arrière
A ce que nous sommes enfants de l'Aube et de la Terre,

Insatiables.

 

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