octobre 2004

Daredevil's : Il était la foi d'un côté, l'homosexualité de l'autre

Dans l'édition 2005 du Dykeguide lesbien (un peu de pub, excusez !) M-C Ozanne (Relaxologue, Psychanalyste) définit cinq champs de besoins humains fondamentaux :

- le plan physique (sommeil, sport, alimentation..)

- le plan énergétique (ces trucs en rapport avec le yoga et l'acupuncture ;-) )

- le plan émotionnel, je dirais " social ", mais bon, il s'agit de ce qui a trait à l'affect (perceptions sensitives, réactions aux personnes, aux environnements, aux idées…)

- le plan mental (pensées, imaginaire, philosophies, éthique, croyances, valeurs.. )

- le plan spirituel lequel s'intéresse au sens et à l'essence des choses..

Personnellement, je mettrai (excusez l'hérésie, syntaxique ! et philosophique !) ces deux derniers champs sous l'étiquette " besoins métaphysiques ".

Maintenant, s'agissant des " besoins " de l'humain, j'aurais aussi pu vous délivrer une classification marketing ou une autre, lesquelles ne sont déterminantes jamais (réductrices toutes !!!) qu'en ce qu'elles se rejoignent ou divergent comme inexplicablement.

C'est un truisme que de dire que toutes les classifications se recoupent quant aux besoins physiologiques ou affectifs..

Parlons des besoins métaphysiques donc, et plus précisément de cette recherche de valeurs, d'éthique, de foi en une forme quelconque de cosmogénèse en ce qu'elle rassure, et réapproprie une histoire à l'individu, chaque individu. Faut-il être homosexuel(le) et ne croire en rien ?

Dans les milieux religieux tous horizons confondus (du plus monolithique au moins " new age " ) le terme d'homosexualité devrait rimer, s'acoquiner, flirter, s'accointer avec fracture, exclusion, anathème (mais bon, ne serait-ce que sur un plan sonore, ça ne le fait pas.. remarquez que le mot " bêtise " ne rime pas non plus !!)

Aux States (eh oui, toujours eux !) les mariages religieux homo existent depuis un bon moment, càd que des factions plus ou moins dissidentes des Eglises, se sont formées et reconnaissent une légitimité aux aspirations métaphysiques des homosexuel(le)s.

Vu de très loin avec des verres de lunettes hexagonaux, si le principe est américain, il rime, s'acoquine, flirte, s'accointe avec dingue, exagéré, m'as-tu-vu, sectaire, hérétique et j'en passe..

Qu'en disent les textes ? les exégètes ? les théologiens ?

Au passage, je vous renvoie au livre de Steven Greenberg Wrestling with God & Men Homosexuality in the Jewish Tradition (anglophobes s'abstenir) lequel au terme d'une étude approfondie de dix ans du texte biblique et de son exégèse, réconcilie les principes de foi et d'homosexualité sans pour autant interpréter ou déformer le texte originel. C'est un challenge ou si peu. On se doute bien que ce que sont les convictions des gens tient plus de préjugés et d'un sectarisme éminemment personnel, que ce que le caractère nécessairement universel d'une religion peut bien vouloir en susciter. Aucune " religion " ne devrait exclure ou condamner l'humain, le vouloir " corriger " relativement, non seulement à ce que serait sa nature profonde, mais quand bien même, relativement à des tentations, tendances, pulsions, passions qui sont le lot commun de tou(te)s. Et l' " amour du prochain " là dedans ?

Resterait à prouver au sens " biblique " que l'homosexualité fait part intégrante de la nature humaine telle que déterminée par le Créateur et qu'elle a même une vocation (ben oui, quitte à supposer que rien n'est du au hasard, rien n'est accidentel, rien n'est idiot..). Je vais vous donner le point de vue du judaïsme.. mais j'imagine qu'un regard un rien moins obscur sur les autres religions peut amener aux mêmes conclusions.

Deux personnages. Le premier est Dina, fille du patriarche Jacob. Elle avait cette fâcheuse habitude (un rien masculine ?) de " sortir ", d'aller à la rencontre des filles du pays en quelque nouvelle contrée qu'elle se trouve histoire de faire connaissance.. (courir la gueuse ?) L'exégèse va jusqu'à préciser, que son objectif à elle (à l'instar d'autres femmes) n'était pas de faire du prosélytisme.. A l'occasion de l'une de ses escapades, infortune, elle se fait violer puis sodomiser par un prince Hévéen du nom de Schrèm. Ses frères la récupèrent. Son frère Simon l'épouse et la place ad vitam dans son harem sans pour autant qu'il ne soit fait mention d'inceste nulle part, ce que le cas échéant, le texte ne se serait pas privé de faire. Donc la question ne se pose pas. En milieu exclusivement " féminin " la jeune femme trouve sa place. Homosexualité féminine ? Evidemment !

Le second personnage est Joseph, fils du patriarche Jacob lui aussi. (Caractères un rien " transmissibles " ? allez savoir..) Il est connu par le texte pour avoir des goûts vestimentaires sinon originaux du moins très colorés. Histoire d'une tunique que lui a offert son père (donc droit légitime à avoir des goûts un rien " hors normes ") laquelle a suscité toutes les convoitises. L'exégèse à son propos va jusqu'à souligner qu'il avait des goûts très " adolescents " à savoir qu'il se coiffait et se maquillait les yeux très (trop ?) soigneusement. Le jeune homme est vendu, et devient premier intendant de la maison du ministre Potifar, qui lui voue spontanément une amitié " exceptionnelle ".

Joseph suscite alors la convoitise de la femme de Potifar, à laquelle aucun " homme " ne saurait résister.. Cette femme est aussi connue pour être une nymphomane avertie ce qui jusqu'à l'épisode de Joseph, ne semblait en rien contrarier son mari. De là à dire, en résumé, mais textes à l'appui quand même, que ce qui vaudra la prison à Joseph, ce n'est pas tant d'avoir failli coucher avec Madame, que plutôt d'avoir aussi obstinément été insensible aux faveurs de Monsieur.

Sur un plan purement idéologique. Le judaïsme fait clairement la distinction entre ce qui est une nature homosexuelle, dont il reconnaît qu'il est apanage universel, chacun(e) à sa mesure.. et les pratiques. Il va jusqu'à reconnaître une forme de vocation à cette tendance, au même titre que peuvent en avoir d'autres caractères de la nature humaine (comme l'avarice, l'égoïsme, mais aussi l'intelligence, la spontanéité.. toutes " qualités " humaines). Le texte va bien sûr à préciser que s'agissant de Joseph, il n'a jamais " fauté " mais su sublimer ses passions, en ce sens que de son " attirance " pour les hommes, il a su faire un caractère philanthropique, qui à l'arrivée lui permit de sauver plusieurs milliers de personnes de la famine. Toujours pour ce qui est du judaïsme, le principe idéologique va jusqu'à dire que s'agissant de juger, de condamner une personne, cela ne se fera pas sur ce qu'il n'a pas su faire (à savoir contrer ses passions) mais sur ce qu'il n'aura pas su faire des opportunités que seules lui offrent sa nature. De là à voir l'homosexualité comme une forme de sensibilité susceptible d'ouvrir aux autres de manière différente, plus engagée.. une autre qualité d'écoute ? Mais pourquoi pas ?!

Sur ce je vais vous prier (humblement) de bien vouloir excuser mon inculture totale relativement à d'autres textes tels que le Coran ou les Evangiles (s'agissant des Indiens d'Amérique et de l'homosexualité en revanche, il y aurait matière.. juste pour info ;-) ).. quoique bénéficiant d'une place privilégiée entre deux paquets de nouilles sur les étagères de ma cuisine, je crains que ces ouvrages ne se situent encore loin sous la pile de mes lectures en retard, loin relativement à d'autres ouvrages édifiants tels que Freud (oeuvres complètes), le Kamasutra lesbien, Comment guérir l'homosexualité par les plantes et Spirou le mag !

Bon, pourquoi ces exemples, anecdotiques s'il en est et où est-ce que je veux en venir ?

A dire que l'homosexualité ne date pas d'hier.. on s'en doutait ! Que ça a toujours été une question de fond, un enjeu tant social que philosophique.. on le savait aussi ! Que nos sociétés cherchent à justifier là où elles le peuvent leurs préjugés.. un peu light comme moyen de défense ! (Défense, en ce sens que, tout ce qui est " peu conventionnel " est vécu comme une agression, souvent.) Mais que néanmoins, aux gens un tant soit peu ouverts d'esprit, n'importe quel champ est propre à des opinions divergentes, à la discussion.. même les tabous religieux c'est vous dire ! Que les questions même les plus métaphysiques ne sont pas nécessairement matière à se fustiger.. prétexte oui, à vouloir être un rien maso, matière, raison, euh.. non !!

Bon, je vous laisse tout ça comme autant de questions ouvertes, très largement ouvertes.. à vos stylos ???????



Daredevil :-p

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